Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

récompense », dit Arawn, « tu t’es conduit en camarade, je l’ai appris. Quand tu seras de retour, dans ton pays », ajouta-t-il, « tu verras ce que j’ai fait pour toi. » ― « Dieu te le rende », répondit Pwyll. Arawn rendit alors sa forme et ses traits à Pwyll, prince de Dyvet et, reprit les siens ; puis il retourna à sa cour en Annwvyn.

Il fut heureux de se retrouver avec ses gens et sa famille[1], qu’il n’avait pas vus depuis un long temps. Pour eux, ils n’avaient pas senti son absence, et son arrivée ne parut pas, cette fois, plus extraordinaire que de coutume. Il passa la journée dans la gaieté, la joie, le repos et les conversations avec sa femme et ses nobles. Quand le moment leur parut venu de dormir plutôt que de boire, ils allèrent se coucher. Le roi se mit au lit et sa femme alla le rejoindre. Après quelques moments d’entretien, il se livra avec elle aux plaisirs de l’amour. Comme elle n’y était plus habituée depuis un an, elle se mit à réfléchir. « Dieu », dit-elle, « comment se fait-il qu’il ait eu cette nuit des sentiments autres que toutes les autres nuits depuis un an maintenant ? » Elle resta longtemps songeuse. Sur ces entrefaites, il se réveilla. Il lui adressa une première fois la parole, puis une seconde, puis une troisième, sans obtenir une réponse. « Pourquoi », dit-il, ne me réponds-tu pas ? » ― « Je t’en dirai, » répondit-elle, « plus que je n’en ai dit en pareil lieu depuis un an. » ― « Comment ? Nous nous sommes entre-

  1. Teulu ou llwyth, dans l’ancien pays de Galles, indique un véritable clan. D’après les Triades de Dyvnwal Moelmut, la famille comprenait tous les parents jusqu’au neuvième degré (Myv. arch., p. 927, 88).