à l’homme que vous avez eu au milieu de vous. Voici l’aventure telle qu’elle s’est passée. » Et il la leur raconta tout au long. « En vérité, seigneur, » dirent-ils, « Dieu soit béni de t’avoir procuré pareille amitié. Le gouvernement que nous avons eu cette année, tu ne nous le reprendras pas ? » ― « Non, par moi et Dieu, autant qu’il sera en mon pouvoir. » À partir de ce moment, ils s’appliquèrent à consolider leur amitié ; ils s’envoyèrent chevaux, chiens de chasse, faucons, tous les objets précieux que chacun d’eux croyait propres à faire plaisir à l’autre. À la suite de son séjour en Annwvyn, comme il avait gouverné avec tant de succès et réuni en un les deux royaumes le même jour, la qualification de prince de Dyvet pour Pwyll fut laissée de côté, et on ne l’appela plus désormais que Pwyll, chef d’Annwvyn.
Un jour il se trouvait à Arberth, sa principale cour, où un festin avait été préparé, avec une grande suite de vassaux. Après le premier repas, Pwyll se leva, alla se promener, et se dirigea vers le sommet d’un tertre[1] plus haut que la cour, et qu’on appelait Gorsedd Arberth. « Seigneur, » lui dit quelqu’un de la cour, « le privilège de ce tertre, c’est que tout noble qui s’y asseoit, ne s’en
- ↑ Le mot gallois gorsedd signifie proprement siège éminent, mais il désigne souvent un tertre qui servait de tribunal, comme le fait remarquer lady Guest. Le mont appelé Tynwald en Man a servi longtemps de siège aux assemblées judiciaires. La motte islandaise désignait à la fois l’assemblée, et la motte sur laquelle elle se tenait.