Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/135

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ils regardaient par leur fenêtre le soir d’été finir. Ils réfléchissaient en silence, promenant les yeux dans ce cadre borné et triste, qui était par hasard devenu le leur et où, par degrés, s’obscurcissaient les choses : le petit jardin en terrasse au-dessous d’eux, les granits des murs, les ardoises des toits, les hautes cheminées, très nettes sur le ciel jaune. Pour eux, les lendemains remplis d’incertitudes dépendaient entièrement de leur force de volonté et de travail ; mais ils avaient confiance et surtout ils se sentaient unis à présent plus que jamais, après cette crise mauvaise dont ils avaient tous deux souffert — et qui lui avait fait presque entrevoir, à elle, la déception suprême, le vide affreux de douter de lui.


XXVIII


Une fatalité de décisions mal prises, d’espérances irréalisées, de projets manqués, continuait de poursuivre la vie de