Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/136

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Jean. Il ne partit pas pour ce tour du monde ; l’équipage du Navarin fut complété sans lui. D’autres marins de son grade, sur lesquels on n’avait pas compté, étaient rentrés de la mer et, d’après certaines règles fixes, avaient pris place les premiers sur la liste d’embarquement, où l’on ne cède guère son tour.

Il passa l’hiver à Brest, auprès de sa mère.

Un peu plus d’aisance encore leur était venue, sa solde de quartier-maître aidant. Il dépensait le moins possible pour lui-même et, le dimanche, sa mère avait pu reprendre à peu de chose près sa mise d’autrefois pour sortir avec lui.

Il amenait chez lui quelques amis à col bleu, — non pas, bien entendu, de ces braves enfants de la côte dont il faisait si volontiers sa compagnie, mais des fils de famille égarés dans la Flotte, qui, par exception comme lui, étaient des déclassés honnêtes et gentils. Il en invitait même à dîner, dans la petite salle à manger mieux montée, où les beaux vases apportés d’Antibes se garnissaient de fleurs pour