Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/217

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nuit bleue, et qui semblaient remplir l’air, encombrer le ciel de leur assemblage extravagant et instable.

Blancs aussi, dans leurs vêtements de toile, étaient tous ces choristes qui chantaient ; les uns entassés par terre, en mille attitudes de bien-être et de repos ; d’autres, étagés, en pyramide d’apothéose, sur l’échafaudage de chaloupes et de canots qui s’élevait au milieu du pont, — et d’autres enfin, groupés encore plus haut et plus loin, là-bas, sur les passerelles suspendues,

« Vieux Neptune, roi des eaux… »

chantaient, dans la claire nuit d’étoiles, les choristes immobiles et couchés. Le refrain alerte de la chanson revenait sans cesse, repris nonchalamment, comme en demi-sommeil, par des voix aux vibrations jeunes atténuées d’une sourdine de rêve. Et tout cet édifice d’hommes blancs et de voiles blanches s’en allait, penché et