Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/231

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nœuvriers. De solides voiles toutes neuves arrivaient d’en bas, apportées à l’épaule par des rangées d’hommes, en longs cortèges oscillants. Des filins de couleur blonde, neufs aussi et sentant le goudron, sortaient des cales ; les matelots s’attelaient dessus, puis prenaient leur course et les tiraient, vite, vite, comme des serpents sans fin.

Tout cela se faisait en musique et, dans l’air devenu âpre, salubre aux poitrines vigoureuses mais mortel aux affaiblis, les sifflets d’argent constamment roulaient leurs trilles suraigus. — On se préparait à la lutte prochaine contre le vent et contre la mer des zones mauvaises.

Ils tournoyaient, les albatros, très rapprochés, — les mêmes qu’hier, acharnés peut-être pour des semaines à suivre le sillage du navire, — et ils criaient sans trêve de leur vilaine voix gémissante, qui