Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LII


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un mois plus tard, à Brest où la mère attendait, le navire était enfin arrivé, au printemps tout nouveau, par une de ces après-midi, indécises et encore froides, des avrils de Bretagne.

Plus personne de malade à bord. Après Jean, on en avait bien encore jeté trois à l’eau infinie, mais très loin, là-bas, dans l’hémisphère Sud où volent les albatros. Les autres s’étaient rétablis ; brusquement la forte santé avait en eux repris le dessus.

À cette arrivée, c’était, chez tous les matelots, une excitation, une sorte d’affolement joyeux, chez ceux-là même qui n’avaient ni mère ni fiancée et que personne n’attendait. Après le mouillage, la manœuvre terminée, tout marchait un peu à la diable, à bord ; les officiers, distraits eux aussi, la tête ailleurs, laissaient faire, jugeant presque leur longue et rude tâche finie. Là, tout de suite, dès l’entrée