Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/250

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Tout cela n’avait certes pas la gaieté des retours dans les ports de la Méditerranée, dans ces ports du pays de Jean, où des centaines de petites barques frêles, peintes de couleurs claires, en sécurité sur l’eau calme, viennent avec un joyeux tapage prendre à l’assaut le navire qui arrive.

Dans ces canots, qui se rangeaient là à côté de la Saône, tenus à distance jusqu’au retour de la Santé, il y avait des femmes, des marchandes, des blanchisseuses, des petites ouvrières, en quête de l’argent des nouveaux venus ; et puis aussi, par-ci par-là, une mère, une sœur, ou une simple « connaissance », qui demandait un matelot par son nom, le voyait bientôt paraître à un sabord, et échangeait avec lui le gai bonjour, en attendant la permission de monter l’embrasser.

Ceux de l’équipage qui ne pouvaient connaître personne parmi ces Brestoises, regardaient tout de même, penchés sur le bastingage, contents de revoir après si longtemps des figures de femmes françaises, et se communiquant des réflexions