Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aimait avec une tendre adoration. S’il était dur avec eux souvent, c’est qu’ils représentaient encore pour lui l’autorité, contre laquelle son indiscipline naturelle se maintenait en révolte. Le meilleur de son cœur, il le montrait aux plus humbles et aux plus dédaignés, à Miette quelquefois, ou bien à de petits mendiants, à de vieux pauvres, à des bêtes en détresse — et la maison était comiquement encombrée de trois ou quatre maigres chats très laids, ramassés par lui, sauvés tout petits de la noyade, essuyés avec amour et rapportés dans ses bras.

Un jour, le vieux grand-père, — toujours boutonné et correct dans sa redingote noire, qu’on n’avait cependant pas renouvelée cette année pour pouvoir payer un répétiteur de plus à son petit-fils, — arriva un peu plus tard que de coutume, d’une allure saccadée qui n’était pas la sienne.

Miette, qui le guettait à la fenêtre de la cuisine, effrayée de lui voir un journal à