Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/27

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la main, referma vite les volets comme pour retarder le moment de savoir, — et s’assit, pour attendre, le cœur battant très fort.

Il entra, et dès qu’il fut monté dans le petit salon du premier étage, il appela d’une voix pas ordinaire :

« Henriette, viens, ma fille !… »

Elle arriva, brusque et haletante :

« Qu’est-ce qu’il y a ?… Il est refusé, n’est-ce pas ?

— Eh bien ! oui… oui, ma fille… Du moins, nous devons le penser… car voici l’Officiel… et son nom ne s’y trouve point…

— Oh ! Seigneur, mon Dieu !… » dit seulement la mère, d’une voix basse et accablée, — en se tordant les mains. Et ils restèrent silencieux l’un près de l’autre, le vieillard et elle, anéantis devant l’effondrement de tous leurs espoirs terrestres. Ils n’avaient rien à se dire ; pendant ces jours d’attente, ils avaient épuisé le sujet, dans leurs causeries inquiètes, examiné toutes les faces et prévu toutes les conséquences de cet irrémédiable malheur.