Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/44

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faire renoncer à la mer, quelque pression de la dernière heure… peut-être pour le décider à entrer chez l’oncle aux parfums.

Mais le grand-père continua, d’une voix morne et résignée, prononçant lentement des choses inattendues qui, une à une, lui entraient en plein cœur :

« Mon enfant, tu deviens un homme, et il m’a paru qu’il était temps de te rendre mes comptes terrestres, afin que tu saches dès maintenant que tu n’as plus d’autre appui que toi-même.

« Mon enfant,… ta mère et moi, nous n’avons plus rien, presque plus rien…

« Pour te maintenir chez les Maristes, nous avons cru bien faire en empruntant des sommes assez importantes… qui sont malheureusement hypothéquées sur notre vieux domaine de Carigou. Tant que je vivrai, avec ma pension de retraite, dont tu sais le chiffre, nous pourrons peut-être… grâce à l’économie constante de ta mère et de la brave fille que voici… nous pourrons peut-être conserver notre chère maison… à laquelle tu tiens autant que nous… Mais après ?… » Sa voix, de