Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/73

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après, des tapissiers devaient venir, tout renouveler, tout changer ; rien de ce qu’avaient aimé les bannis, qui s’en allaient, n’était plus assez beau pour ces dédaigneux successeurs. Et ils se mirent à trier les pauvres choses auxquelles ils tenaient le plus. Mais voici qu’ils tenaient presque à tout ; le sacrifice de chaque objet était un petit déchirement. Et cependant ils devaient se résoudre à emporter si peu !

Jean aidait sa mère, faisait des caisses pour « la petite vitesse » — et chaque matin, s’éveillait dans sa chambre d’enfant avec l’angoisse de se dire : « Encore un jour, qui m’approche de celui où je verrai ceci pour la dernière fois. » Et la maison se vidait peu à peu, la maison qu’on n’arrangeait plus et où traînait la paille des emballages. Et les aspects de tout se détruisaient, irréparablement.

Lui, emportait avec amour mille petites choses enfantines ; surtout, ses cahiers de collège, qui étaient encore remplis de ses rêves d’école navale — et puis, qui lui serviraient, plus tard, à travailler son