Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/88

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très jeune ; elle, la mère, parce qu’elle était avec lui.

Et ce gîte, accepté d’abord avec dégoût et désespoir, voici qu’ils s’y faisaient ; l’idée d’en changer, pour le moment, ne leur venait plus.

D’ailleurs, elle avait accompli des miracles, pour tout arranger, nettoyer, embellir, raccommodant elle-même les vieux tristes papiers des murs, posant les modestes rideaux de mousseline qui jettent autour d’eux la gaieté blanche. Aux places les plus en vue, elle avait mis les quelques meubles rapportés d’Antibes, les flambeaux, les vases de leur cheminée de salon là-bas, et d’autres petites choses où s’accrochait leur souvenir.

Dans une armoire dormaient les reliques plus sacrées. La dernière redingote du grand-père, ses lunettes et sa canne à pomme d’argent ; et puis des livres lui ayant appartenu, des calepins, des cahiers couverts de son écriture vieillie. À côté, sur le même rayon, certains petits costumes particulièrement précieux, de l’enfance de Jean : sa robe d’ange à la Fête-