Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/89

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Dieu, — et, dans un carton, enveloppé d’une gaze verte, le petit chapeau marron du jour de Pâques.

Lui-même, si inhabile jadis aux choses d’intérieur, était religieusement soigneux de ce pauvre petit ménage de mère et de fils, arrangeait, clouait, et se mettait volontiers en tricot de marin pour faire de grands nettoyages comme à bord. Ses fantaisies de coureur, pour l’instant, sommeillaient ; le remords les avait engourdies ; causer le moindre surcroît de peine à sa mère lui eût semblé odieux et révoltant ; il était tenu par le cœur et par la pitié tendre ; se sentant indépendant de fait, puisqu’il était matelot, il restait soumis volontairement, — ce qui était pour lui la seule façon possible de l’être, — et sa soumission lui semblait même facile et douce. Le soir, il rentrait tout droit de la caserne au logis, consacrant à sa mère toutes ses heures de liberté, ne sortant qu’en sa compagnie et toujours lui donnant le bras, avec un gentil air grave qu’elle ne lui avait encore jamais vu.