Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/90

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XX


L’été de l’année suivante.

Ils ne le détestaient plus, leur pauvre gîte, à présent qu’ils y avaient passé dix-huit mois ensemble. Cependant, la blessure du dépaysement demeurait en eux aussi profonde, et le regret de la chère maison héréditaire aussi inapaisé. La Provence se faisait toujours plus lointaine dans leur souvenir ; mais aussi, de plus en plus, elle s’auréolait de couleurs d’or, comme les Édens perdus… Dans leur ménage, le moindre petit objet qui provenait de la maison, était chose sacrée, que l’on touchait religieusement et qui éveillait des mélancolies subites, des battements douloureux dans le cœur.

Jean venait de finir son année d’embarquement sur la Bretagne, — un grand vaisseau à voiles, mouillé au fond de la