Page:Loti - Aziyadé.djvu/200

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sur eux, et j’entendis jusqu’à l’escalier traîner leurs babouches sur les tapis. Là, leurs pas s’arrêtèrent. Aziyadé s’était affaissée sur les marches pour fondre en larmes, et le bruit de ses sanglots arrivait jusqu’à moi dans le silence de cette nuit.

Cependant, je ne sortis pas de ma chambre et je la laissai partir.

Je venais de le lui dire, et c’était vrai : je l’adorais, elle, et je n’aimais point cette Séniha ; mes sens seulement avaient la fièvre et m’emportaient vers cet inconnu plein d’enivrements. Je songeais avec angoisse qu’en effet, si elle ne voulait plus me revoir, une fois retranchée derrière les murs du harem, elle était à tout jamais perdue, et qu’aucune puissance humaine ne saurait plus me la rendre. J’entendis avec un indicible serrement de cœur la porte de la maison se refermer sur eux. Mais la pensée de cette créature qui allait venir brûlait mon sang : je restai là, et je ne les rappelai pas.