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XLVI

Le lendemain soir, ma case était parée et parfumée, pour recevoir la grande dame qui avait désiré faire, en tout bien tout honneur, une visite à mon logis solitaire. La belle Séniha arriva très mystérieusement sur le coup de huit heures, heure indue pour Stamboul.

Elle enleva son voile et le féredjé de laine grise qui, par prudence, la couvrait comme une femme du peuple, et laissa tomber la traîne d’une toilette française dont la vue ne me charma pas. Cette toilette, d’un goût douteux, plus coûteuse que moderne, allait mal à Séniha, qui s’en aperçut. Ayant manqué son effet, elle s’assit cependant avec aisance et parla avec volubilité. Sa voix était sans charme et ses yeux se promenaient avec curiosité sur ma chambre, dont elle louait très fort le bon air et l’originalité. Elle insistait surtout sur l’étrangeté de ma vie, et me posait sans réserve une foule de questions auxquelles j’évitais de répondre.

Et je regardais Séniha-hanum…