tan Mourad ; demain, c’est Abd-ul-Hamid qui l’aura remplacé. Ce sultan pour l’avènement duquel nous avons fait si grande fête, il y a trois mois, et qu’on servait aujourd’hui encore comme un dieu, on l’étrangle peut-être cette nuit dans quelque coin du sérail.
Tout cependant est silencieux dans Constantinople… À onze heures, des cavaliers et de l’artillerie sont passés au galop, courant vers Stamboul ; et puis le roulement sourd des batteries s’est perdu dans le lointain, tout est retombé dans le silence.
Des chouettes chantent dans les cyprès, avec la même voix que celles de mon pays ; j’aime ce bruit d’été qui me ramène aux bois du Yorkshire, aux beaux soirs de mon enfance, passée sous les arbres, là-bas, dans le jardin de Brightbury.
Au milieu de ce calme, les images du passé sont vivement présentes à mon esprit, les images de tout ce qui est brisé, parti sans retour.
Je comptais que mon pauvre Samuel serait auprès de moi ce soir, et sans doute je ne le reverrai jamais. J’en ai le cœur serré et ma solitude me pèse. Il y a huit jours, je l’avais laissé partir pour