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Une foule innombrable se pressait sur tout ce parcours, une de ces foules turques auprès desquelles les plus luxueuses foules d’Occident paraîtraient laides et tristes. Des estrades disposées sur une étendue de plusieurs kilomètres pliaient sous le poids des curieux, et tous les costumes d’Europe et d’Asie s’y trouvaient mêlés.

Sur les hauteurs d’Eyoub s’étalait la masse mouvante des dames turques. Tous ces corps de femmes, enveloppés chacun jusqu’aux pieds de pièces de soie de couleurs éclatantes, toutes ces têtes blanches cachées sous les plis des yachmaks d’où sortaient des yeux noirs, se confondaient sous les cyprès avec les pierres peintes et historiées des tombes. Cela était si coloré et si bizarre, qu’on eût dit moins une réalité qu’une composition fantastique de quelque orientaliste halluciné.


XIV

Le retour de Samuel est venu apporter un peu de gaîté à ma triste case. La fortune me sourit