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Dans la mosquée sainte d’Eyoub, Abd-ul-Hamid est allé ceindre en grande pompe le sabre d’Othman.

Après quoi, suivi d’un long et magnifique cortège, le sultan a traversé Stamboul dans toute sa longueur pour se rendre au palais du vieux sérail, faisant une pause et disant une prière, comme il est d’usage, dans les mosquées et les kiosques funéraires qui se trouvaient sur son chemin.

Des hallebardiers ouvraient la marche, coiffés de plumets verts de deux mètres de haut, vêtus d’habits écarlates tout chamarrés d’or.

Abd-ul-Hamid s’avançait au milieu d’eux, monté sur un cheval blanc monumental, à l’allure lente et majestueuse, caparaçonné d’or et de pierreries.

Le cheik-ul-islam en manteau vert, les émirs en turban de cachemire, les ulémas en turban blanc à bandelettes d’or, les grands pachas, les grands dignitaires, suivaient sur des chevaux étincelants de dorures, — grave et interminable cortège où défilaient de singulières physionomies ! — Des ulémas octogénaires soutenus par des laquais sur leurs montures tranquilles, montraient au peuple des barbes blanches et de sombres regards empreints de fanatisme et d’obscurité.