Page:Loti - Aziyadé.djvu/93

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plus d’autre bruit que celui qu’ils font, et la vieille lampe turque pendue au-dessus de ma tête est la seule qui brûle à cette heure dans Eyoub. C’est un sombre pays qu’Eyoub, le cœur de l’islam ; c’est ici qu’est la mosquée sainte où sont sacrés les sultans ; de vieux derviches farouches et les gardiens des saints tombeaux sont les seuls habitants de ce quartier, le plus musulman et le plus fanatique de tous.

Je vous disais donc que votre ami Loti est seul dans sa case, bien enveloppé dans un manteau de peau de renard, et en train de se prendre pour un derviche.

Il a tiré les verrous de ses portes, et goûte le bien-être égoïste du chez soi, bien-être d’autant plus grand que l’on serait plus mal au-dehors, par cette tempête, dans ce pays peu sûr et inhospitalier.

La chambre de Loti, comme toutes les choses extraordinairement vieilles, porte aux rêves bizarres et aux méditations profondes ; son plafond de chêne sculpté a dû jadis abriter de singuliers hôtes, et recouvrir plus d’un drame.

L’aspect d’ensemble est resté dans la couleur primitive. Le plancher disparaît sous des nattes et d’épais tapis, tout le luxe du logis ; et, suivant