Page:Loti - Aziyadé.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’usage turc, on se déchausse en entrant pour ne point les salir. Un divan très bas et des coussins qui traînent à terre composent à peu près tout l’ameublement de cette chambre, empreinte de la nonchalance sensuelle des peuples d’Orient. Des armes et des objets décoratifs fort anciens sont pendus aux murailles ; des versets du Koran sont peints partout, mêlés à des fleurs et à des animaux fantastiques.

À côté, c’est le haremlike, comme nous disons en turc, l’appartement des femmes. Il est vide ; lui aussi, il attend Aziyadé, qui devrait être déjà près de moi, si elle avait tenu sa promesse.

Une autre petite chambre, auprès de la mienne, est vide également : c’est celle de Samuel, qui est allé me chercher à Salonique des nouvelles de la jeune femme aux yeux verts. Et, pas plus qu’elle, il ne paraît revenir.

Si pourtant elle ne venait pas, mon Dieu, un de ces jours une autre prendrait sa place. Mais l’effet produit serait fort différent. Je l’aimais presque, et c’est pour elle que je me suis fait Turc.