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III

Mardi, 27 mars.

Vers deux heures du matin, quand la nuit pèse de sa plus grande ombre sur ce pays d’arbres et d’herbages, de longs cris chantants extrêmement plaintifs, extrêmement doux, partent de Beït-Djibrin, passent au-dessus de nous, pour se répandre au loin dans le sommeil et la fraîcheur des campagnes : appel exalté à la prière, remettant en mémoire aux hommes leur néant et leur mort… Les muézins, qui sont des bergers, debout sur leurs toits de terre, chantent tous ensemble, comme en canon et en fugue — et toujours c’est le nom d’Allah, c’est le nom de Mahomet, surprenants et sombres, ici, sur cette terre de la Bible et du Christ…