Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/25

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toits de terre sont tout rouges d’anémones ; des débris de puissants remparts, éboulés dans l’herbe ; sous la terre et les décombres, sous le fouillis des grandes acanthes, des ronces et des asphodèles, les vestiges de la cathédrale où officièrent les évêques Croisés : des colonnes de marbre blanc aux chapiteaux corinthiens, une nef à son dernier degré de délabrement et de ruine, abritant des Bédouins et des chèvres.

Il est de bonne heure encore quand nous montons à cheval pour commencer l’étape du jour, sous un ciel couvert et tourmenté d’où cependant les averses ne tombent plus. Suivant une pente ascendante vers les hauts plateaux de Judée, nous cheminons jusqu’à midi par des sentiers de fleurs, au milieu de champs d’orges, entre des séries de collines que tapissent des bois d’oliviers aux ramures grises, aux feuillages obscurs.

Comme au désert, c’est pendant la halte méridienne que nous dépasse la caravane de nos bagages et de nos tentes, — caravane bien différente de celle de là-bas : par les petits chemins verts, cortège de mules qui sont conduites par des Syriens aux figures ouvertes et qui marchent au tintement de leurs colliers de clochettes ; en tête, la mule capitane, la plus belle de la bande et la plus intelligente, har-