Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/26

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nachée de broderies en perles et en coquillages, ayant au cou la grosse cloche conductrice que toutes les autres entendent et suivent…



À mesure que nous nous élevons, les pentes deviennent plus raides et le pays plus rocheux ; les orges font définitivement place aux broussailles et aux asphodèles.

Vers trois heures, en débouchant d’une gorge haute qui nous avait tenus longtemps enfermés, nous nous trouvons dominer tout à coup des immensités inattendues. Derrière nous et sous nos pieds, les plaines de Gaza, la magnificence des orges, unies dans les lointains comme une mer verte, et, au delà encore, infiniment au delà, un peu de ce désert d’où nous venons de sortir, apparaissant à nos yeux pour la dernière fois, dans un vague déploiement rose. En avant, c’est une région très différente qui se découvre ; jusqu’aux vaporeuses cimes du Moab qui barrent le ciel, paraît monter un pays de pierres grises, entièrement travaillé de mains d’hommes, où des petits murs réguliers se superposent à perte de vue : les vignes étagées d’Hébron, de siècle en siècle