Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/27

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reproduites aux mêmes places depuis les temps bibliques.

Elles sont sans feuilles, ces vignes, parce que l’avril n’est pas commencé ; on voit leurs ceps énormes se tordre partout sur le sol comme des serpents au corps multiple ; la couleur d’ensemble n’en est pas changée, — et ce sont des campagnes tristes, tout en cailloux, tout en grisailles, où à peine quelque olivier solitaire de loin en loin montre sa petite touffe de feuillage noir.

Là-bas, serpente quelque chose comme un long ruban blanc, où nos sentiers vont aboutir : une route, une vraie route carrossable comme en Europe, avec son empierrement et sa poussière ! Et, en ce moment même, deux voitures y passent !… Nous regardons cela avec des surprises de sauvages.

C’est la route qui vient de Jérusalem, et nous allons, nous aussi, la suivre ; elle descend vers Hébron, entre d’innombrables petits murs enfermant des vignes et des figuiers. — Il y a un certain bien-être tout de même à retrouver cette facilité-là, après tant de cailloux, de rocs pointus, de pentes glissantes, de dangereuses fondrières, où depuis plus d’un mois nous n’avons cessé de veiller sur les pieds de nos bêtes…

Deux voitures encore nous croisent, remplies de