Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/30

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teinte neutre des murailles, que ne recouvre ni chaux ni peinture.

Quelques-unes de ces maisons semblent vieilles comme les patriarches ; d’autres sont neuves, à peine achevées ; mais toutes sont pareilles : mêmes parois massives, solides à défier des siècles, mêmes proportions cubiques et mêmes petites fenêtres toujours accouplées. Dans cet ensemble, rien ne détonne, et Hébron est une des rares villes que ne dépare aucune construction d’apparence moderne ou étrangère.

Le bazar, voûté de pierres, avec seulement quelques prises de jour étroites et grillées, est déjà obscur et ses échoppes commencent à se fermer. Aux devantures, sont pendus des burnous et des robes, des harnais et des têtières de perles pour chameaux ; surtout de ces verroteries, bracelets et colliers, qui se fabriquent à Hébron depuis des époques très reculées. On y voit confusément ; on marche dans une buée de poussière, dans une odeur d’épices et d’ambre, en glissant sur de vieilles dalles luisantes, polies pendant des siècles par des babouches ou des pieds nus.

Aux abords de la grande mosquée, des instants de nuit, dans des ruelles qui montent, voûtées en ogive, comme d’étroites nefs ; le long de ces passages,