Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/31

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s’ouvrent des portes de maisons millénaires, ornées d’informes débris d’inscriptions ou de sculptures, et nous frôlons en chemin de monstrueuses pierres de soubassement qui doivent être contemporaines des rois hébreux. À cette tombée de jour, on sent les choses d’ici comme imprégnées d’incalculables myriades de morts ; on prend conscience, sous une forme presque angoissée, de l’entassement des âges sur cette ville, qui fut mêlée aux événements de l’histoire sainte depuis les origines légendaires d’Israël… Que de révélations sur les temps passés pourraient donner les fouilles dans ce vieux sol, si tout cela n’était si fermé, impénétrable, hostile !



Abraham enterra donc sa femme Sara dans la caverne double du champ qui regarde Manbré, où est la ville d’Hébron, au pays de Chanaan. (Genèse, XXIII, 19.)


Nous retrouvons la lumière dorée du soir, au sortir de l’obscurité des ruelles voûtées, en arrivant au pied de cette mosquée d’Abraham. Elle est située à mi-hauteur de la colline, qui s’entaille profondément pour la recevoir. Elle couve sous son ombre farouche le mystère de cette caverne double de Macpélah où,