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Page:Loti - Jérusalem, 1895.djvu/56

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l’immortel espoir. Nous qui avons appris à ne regarder le Christ qu’au travers des Évangiles, peut-être concevons-nous de Lui une image un peu moins obscurcie que ces pèlerins, qui, dans la grotte, s’agenouillent devant les petites lampes de ses autels ; mais la grande énigme de son enseignement et de sa mission nous demeure aussi impénétrable. Les Évangiles écrits presque un siècle après lui, tout radieux qu’ils soient, nous le défigurent sans doute étrangement encore. Le moindre dogme est aussi inadmissible à notre raison humaine que le pouvoir des médailles et des scapulaires ; alors de quel droit mépriserions-nous tant ces pauvres petites choses ? — Derrière tout cela, très loin, — à des distances d’abîme si l’on veut, — il y a toujours le Christ inexpliqué et ineffable, celui qui laissait approcher les simples et les petits enfants, et qui, s’il voyait venir à lui ces croyants à moitié idolâtres, ces paysans accourus à Bethléem des lointains de la Russie, avec leur cierge à la main et leurs larmes plein les yeux, ouvrirait les bras pour les recevoir…

Et, maintenant, nous envisageons avec une plus impartiale douceur ce lieu unique au monde, qui est l’église d’ici, ce lieu empli éternellement d’un parfum d’encens et d’un bruit chantant de prières…

Bethléem ! Bethléem !… Une nuit plus tranquille