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« ÇA, C’EST REIMS QUI BRÛLE ! »

chose aussi imbécile que monstrueuse : brûler Reims !…

Et longuement je regarde, sur horizon du Nord, jouer ces fumées lugubres, dans lesquelles s’exhale, semble-t-il, et achève de s’anéantir l’âme de l’ancienne France…



Trois jours après.

On sait que le cardinal archevêque de la ville martyre s’est obstiné à rester au milieu des derniers habitants, près de la basilique mourante, pour aller porter à tous la consolation, le courage, l’espoir, non seulement au fond des caves d’angoisse, mais aussi dans les rues, sur les places où fauchait la mitraille. Et, jusqu’au jour où les obus, qui tombaient en averse, sont tout à coup devenus incendiaires, l’autorité française, respectant son entêtement sublime, l’a laissé là presque dans le feu. Mais l’ordre vient cependant de lui être donné de partir, et il s’est réfugié dans un village proche, tout juste abrité et d’où l’on entend encore le bombardement faire à la