Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’était toujours, même après la bataille, la destruction, l’incendie et le meurtre. Du reste, la brutalité du ministre d’Allemagne avait été la cause première de tout. Et lui, toujours lui, lui qui mène aujourd’hui la boucherie mondiale, leur « gracieux kaiser » avait dit officiellement à ses soldats : « Faites comme les Huns ; je veux que, dans cinquante ans, on se rappelle encore avec terreur votre passage. »


Pour changer mes idées, au milieu des dévastations de cette ville, le plus imprévu m’attendait, dans des quartiers où de hauts et frêles décors de théâtre venaient d’être partout montés ; ce serait à croire que des fous préparent là une pièce à grand spectacle pour être jouée devant un public d’autres fous, car tout est incohérent et de la dernière extravagance. Une quantité de perches, comme des mâtures de navires, consolidées par des haubans d’acier, soutiennent des portants en toiles légères, presque transparentes, où sont figurés des rochers ou bien des verdures ; à quelques mètres au-dessus des ruines, se balancent aussi au vent des