Page:Loti - L’Horreur allemande, 1918.djvu/49

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séries de bandes d’air (comme on dit au théâtre) où l’on a peint des arbres ; des pierres, de vertes prairies, des choses qui, si haut perchées, font l’effet d’un défi au sens commun. Et les souffles d’orage qui se lèvent commencent d’ailleurs de tourmenter plus qu’il ne faudrait ces espèces de grandes mousselines peinturlurées… Enfantillage, dirait-on à première vue, ou bien démence ? Eh ! bien, pas du tout ; ces décors ont été brossés avec science par des professionnels de nos théâtres, gens habiles à produire des illusions, à troubler des perspectives, gens qui depuis la guerre sont devenus des camoufleurs. Et c’est une très utile et ingénieuse mesure de prudence, pour protéger autant que possible nos chers soldats ; c’est combiné contre les Boches qui regardent ça avec leurs longues-vues, et qui alors n’y comprennent plus rien, ne savent plus où tirer ; c’est surtout à l’intention de ces trois ou quatre vilaines choses noirâtres qui se trémoussent dans le ciel là-bas[1], pour nous moucharder d’en haut par télégraphie sans

  1. Les ballons d’observation boches.