Page:Loti - La Chanson des vieux époux, 1899.djvu/39

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quand ils avaient fini cette tâche de toilette que l’approche de la mort rendait de jour en jour plus ingrate, se sentaient-ils au moins vivifiés par l’eau pure et froide, éprouvaient-ils encore un peu de bien-être, au frais matin ?

Ô misère lamentable ! Après chaque nuit, se réveiller tous deux plus caducs, plus endoloris, plus branlants, et, malgré tout, vouloir obstinément vivre, étaler sa décrépitude au soleil, et repartir pour la même éternelle promenade à roulettes, avec les mêmes lenteurs, les mêmes grincements de planches, les mêmes cahots, les mêmes fatigues ; aller toujours, par les rues, par les faubourgs, par les villages, jusque dans la campagne lointaine,