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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/107

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derrière lui tout un aventureux passé dans les missions avancées du désert. Nous ne buvions que de l’eau des sources voisines ; mais, sur la fin de notre repas, le moine apporte un petit flacon d’un innocent vin qu’il a fait lui-même avec les premiers raisins de ses treilles, et, par une fantaisie surannée d’exilé, attendri tout à coup, il nous prie de boire à la France… Les prêtres ensuite demandent qu’avant de nous séparer nous nous recueillions ensemble au souvenir de Celui qui vivait, il y aura bientôt deux mille ans, sur les bords de cette mer : — Vous, disent-ils en s’adressant à Léo et à moi, vous êtes des protestants, mais cela ne fait rien, n’est-ce pas ? sur le Christ, nous sommes tous d’accord. Et voici que notre intimité improvisée finit par une sorte de commune prière, tout à coup impressionnante étrangement, à cause de ces régions vides et dévastées d’alentour, qui furent celles de Gennesareth et de Capernaüm… Sous un soleil torride, nous remontons à cheval, vers deux ou trois heures, trop tard pour la longue route qui nous reste à faire avant la nuit ; puis, sitôt que nous avons dit adieu à nos amis d’un jour, nous