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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/106

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Nos chevaux sont là, en effet, nous dit-il, et nos muletiers, nos mulets, sont passés depuis deux heures et partis, suivant nos instructions, au delà des montagnes. Ils doivent porter nos tentes en un lieu appelé Aïn-Mellaha, qui est par là-bas dans des déserts marécageux hantés par les Bédouins Ghaouarineh et où nous camperons cette nuit, pour arriver demain à la Césarée-de Philippe. Avant de nous séparer des deux abbés, qui comptent retourner ce soir avec les barques àTibériade, nous voulons faire en leur compagnie le repas du milieu du jour, et, sur une table que le moine hospitalier nous prête, nos serviteurs mêlent nos provisions de route : c’est dans la maisonnette solide et neuve, au milieu d’une salle blanche aux airs de chapelle, donnant par des fenêtres ouvertes sur tout le bleu et sur tout le silence du lac sacré. Il n’y a rien d’aimable comme des prêtres aimables ; leur gaîté détachée sonne franc et clair. Ceux-ci, en plus, sont des érudits et des artistes ; alors, facilement nous oublierions l’heure, à cette table très frugale. Notre hôte, qui s’appelle frère Zéphyrin, est intéressant lui aussi ; au prix de mille difficultés, il a réussi à s’établir dans cette solitude où il s’efforce de faire un peu d’évangélisation aux Bédouins, un peu d’agriculture, un peu d’archéologie, et il se rappelle