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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/116

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A nos esprits que la fatigue endort, ils donnent l’impression de ces moustiques qui s’assemblent le soir, pour des rondes, dans le voisinage des eaux. Ils nous ont vus, les bergers danseurs, et ils s’approchent pour nous interroger ; ils nous cernent, s’appuyant familièrement sur nos chevaux, leurs bras nus posés sur nos genoux. — Aïn-Mellaha ! disent-ils, oh ! c’est presque à une heure de marche encore et la nuit va être bien noire. L’un d’eux, qui se nomme Mohammed-Lassem, finit par se décider à nous y conduire, pour un medjidieh (cinq francs turcs) payé d’avance. La pièce donnée, il demande le temps d’aller jusque sous sa tente, prendre ses armes en prévision du retour solitaire, et tous disparaissent, envolés comme des mouches de nuit. Des minutes passent, un peu anxieuses. Puis, notre guide commence à appeler : — Ho ! Mohammed-Lassem ! Ho ! Rien ne répond. Nous nous croyons joués et abandonnés, lorsque soudain un petit « Ho ! » quasi moqueur s’entend dans les herbes les plus proches, et nous voyons se dessiner en noir la tête coiffée d’oreilles de bête, le canon du mince fusil de Mohammed-