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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/117

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Lassem ; par plaisanterie ou par dédain, il n’avait pas pris la peine de répondre plus tôt ; mais il arrive, il est homme de parole comme tous les Bédouins de toutes les Bédouineries. En route donc, à sa suite. Sans lui, comment aurions-nous fait ? Le sentier est tout ce qu’il y a de plus difficile ; partout se présentent des gués qu’il faut connaître, et nos chevaux du reste les franchissent en tâtant avec un instinct merveilleux sur des pierres qui branlent, au milieu de vases sournoises et profondes, pendant que de grandes herbes nous fouettent au passage. Les montagnes à notre gauche se découpent intensément noires sur le ciel étoilé, et d’innombrables feux continuent de briller dans les roseaux de la plaine. On entend la confuseclameur de milliers d’êtres ; les hommes, les chiens, les oiseaux de marais, les grenouilles, les chacals donnent tous de la voix dans la nuit et on a le sentiment d’une vie primitive, infiniment lointaine dans l’échelle des progressions — presque lacustre. Enfin nous sommes arrivés à Aïn-Mellaha, qui est un point marqué par une fontaine jaillissante et