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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/123

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Cette ville de Lesem-Dan, qui s’est éteinte ici il y a tant de siècles, était à l’époque des rois hébreux une importante place forte de la frontière septentrionale, et l’expression : « de Dan à Bersabée », qui revient souvent dans la Bible, signifiait en langage courant : « Dans la Judée tout entière ». Continuant notre route du soir vers le Nord, nous allons donc sortir du vieux pays d’Israël, pour entrer sur le territoire des Gentils. C’est au milieu des arbres, des arbres retrouvés et encore nouveaux pour nos yeux, que nous cheminons maintenant, nous éloignant des marais et du fleuve, nous élevant par des pentes douces sur les montagnes qui ferment à l’Est la vallée du Haut Jourdain. — Une sorte d’Arcadie pastorale, de Bétique délaissée et charmante, où courent en tout sens des ruisseaux clairs. Nous montons entre de vieux chênes, espacés comme dans un parc à l’abandon, et des aubépines prodigieusement fleuries, et d’autres arbres encore, d’une espèce inconnue, dont les grappes blanches sentent l’oranger ; par terre, ce sont des lins roses et des graminées fines, toute la flore des lieux secs de Galilée, revenue sous nos pas. Vers trois ou quatre heures enfin, le fantôme de la Césarée-de-Philippe nous apparaît, dans la belle verdure d’avril, au pied de hautes cimes couvertes