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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/124

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de buissons et de fleurs ; des eaux vives bruissent partout alentour ; le fracas des sources et des torrents anime seul ses environs déserts. Il nous faut faire un détour pour visiter, avant d’entrer dans la ville, une grotte profonde, qui est un des sanctuaires païens les plus vieux de la terre, où se célébrait jadis le culte facile et voluptueux du Dieu joueur de flûte aux pattes de chèvre. A mi-hauteur, dans une montagne verticale, s’ouvre cette large entrée d’ombre, frangée de feuillages qui retombent en guirlande ; une source s’en échappe et descend bouillonner sur des amas de colonnes et de ruines fleuries de lauriers-roses, enguirlandées aussi comme la grotte ; et, à une centaine de mètres au-dessus, dans la même grande paroi rocheuse, perche au milieu des branches une vieille petite mosquée solitaire, au dôme et aux arceaux blanchis. On n’oserait pas peindre cet ensemble, qui est d’un arrangement trop cherché ; on craindrait de faire une œuvre surannée dans le genre de ces paysages du XVII e siècle, où les cavernes, les cascades et les ruines se groupaient avec la plus complète invraisemblance. Mais la réalité de cela est charmante à regarder dans le silence de ces campagnes abandonnées ; elle replonge la pensée au fond des vieux temps mythologiques ; avec je ne sais quelle mélancolie,