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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/129

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fonctions importantes de la vie, dans cet orient pastoral, où tant de maraudeurs courent la nuit par les champs. Ils nous proposent, les hommes de Césarée, d’aller avec eux sur les murailles, pour voir de plus loin revenir les bêtes, et nous montons nous asseoir ensemble au couronnement brisé de la porte — groupe de robes colorées et de burnous parmi les herbes des ruines, parmi les pâquerettes blanches et les anémones rouges, regardant de haut les campagnes sauvages où le crépuscule tombe. Les premiers arrivent, en galopant, une centaine de petits veaux, très gais, très comiques, laqueue en trompette, seuls et sans gardiens ; mais, devant la porte, ils s’arrêtent d’eux-mêmes, bien sagement, comme pour attendre ; alors paraissent, plus posées et plus graves, les vaches leurs mamans qui marchaient derrière, suivies de la théorie archaïque des pâtres. Ensuite, c’est le lent fleuve noir des chèvres, pressées les unes contre les autres, en une seule masse bêlante ; puis ce sont les moutons et enfin les chevaux. Quand les derniers sont rentrés, le crépuscule va mourir. Les torrents et les sources enflent tous la voix, aux approches des obscurités, des sommeils et des silences. Nous sortons de Césarée pour rejoindre nos tentes. On distingue encore dans l’herbe la