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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/139

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se déroulent, bordées infiniment loin par des blancheurs qui sont les neiges de l’Anti-Liban. Très touchants, deux personnages qui passent près de nous et nous saluent : deux vieux époux druzes, septuagénaires pour le moins, voyageant enlacés sur la même haquenée ; l’homme encore droit et noble ; la femme aux cheveux tout blancs, assise en croupe derrière lui et le tenant avec tendresse par la taille. Où vont-ils au milieu de ces solitudes ; quelles joies, quelles espérances ont-ils encore ? Quelle a été, dans ce pays de lutte, la vie de ces deux êtres simples, si unis d’âme et de corps jusqu’à la vieillesse dernière ?… Sauf quelques passants que l’on croise, Syriens et Syriennes sur des ânons, Druzes à cheval ou à chameau, c’est le désert revenu ; c’est, avec moins de lumière, la même mort qu’en Arabie ou en Idumée. Et il semble que ce soit là une préparation de plusieurs heures, ménagée habilement pour rendre plus saisissante, après, la fraîche apparition de l’oasis de Damas. Vers midi, au fond des plaines grises, quelque chose d’étonnant se colore ; une zone verte, non pas de ce vert intense que prennent les pays des Tropiques ou même les oasis du Sud, mais d’un vert clair, clair comme celui des émeraudes pâles ; quelque