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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/141

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Il est environ trois heures quand nous arrivons enfin à ces puissantes masses de verdure quidoivent recéler la ville couleur de chair. Un village est là, à l’entrée de ces bois, tout rose lui aussi  ; de près, par exemple, il a un air sauvage qui sent la proximité des grands déserts, entièrement construit à la manière arabe primitive, maisons, mosquées et minarets, en une même boue séchée au soleil et mêlée, dirait-on, d’ocre et de carmin. Une ombre exquise tout à coup nous enveloppe. Nous sommes entrés dans ces vergers qui entourent la ville sur une épaisseur de plus d’une lieue, dans ces célèbres jardins de Damas renouvelés éternellement, et chantés, aux siècles lointains, par les vieux poètes de l’Islam. Là-dessous s’en vont, entre des petits murs de boue carminée, des chemins bordés de fleurs, et surtout bordés de ruisseaux ; partout ici l’eau circule à profusion, et l’air est rempli des bruits joyeux de sa course. Le bocage si vert se compose de peupliers, de noyers, d’amandiers, de figuiers et de grenadiers, tous en plein luxe de feuilles nouvelles ; à leur ombre, ce sont des champs de blé ou des champs de fèves, mêlés de coquelicots, d’iris et d’anémones. Et des oiseaux chantent par milliers dans les branches ; une immense musique de volière,