Aller au contenu

Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pouvoir des Ommiades, des Abbasides, des Seldjoucides et de tant d’autres dominateurs magnifiques. L’ouragan des Croisades l’effleura à peine : tributaire, puis alliée des Francs, elle fut défendue contre eux par le grand Saladin, qui y repose aujourd’hui dans un kiosque de faïence. Prise plus tard par les Mongols, ravagée par les Tartares, elle flamba enfin tout entière, sauf ses mosquées saintes, au commencement du XV e siècle, dans l’immense incendie allumé par Tamerlan, qui passa tous ses habitants au fil de l’épée. Cela semblait l’anéantissement décisif, mais elle se releva encore, grâce à ses eaux inépuisables et à sa délicieuse oasis qui reverdissait toujours, invitant au repos les riches caravanes du désert. Et elle resta le grand centre du commerce avec la Perse, les bords de l’Euphrate et les Indes ; les Turcs, qui la prirent au XVI e siècle, la trouvèrent de nouveau florissante et luxueuse derrière ses éternels rideaux d’arbres. Mais, de chrétienne qu’elle avait été au début de notre ère, elle s’était faite intransigeante musulmane, fanatique et fermée ; elle eut même, il y a trente-cinq ans à peine, un vertige de meurtre, et le sang coula plein ses rues : quinze ou vingt mille chrétiens furent égorgés dans ses murs ou aux alentours. — Depuis cemassacre, qui sera peut-être le dernier, elle commence