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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/155

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harem. Et la répétition de cet avertissement lugubre au milieu du jardin vide me donne l’impression d’entrer comme un sacrilège dans quelque royaume de fées ne devant pas être vues ; involontairement je cherche des yeux les houris mystérieuses… Le pacha me reçoit dans une salle digne d’Aladin, composée, suivant la mode damasquine, de deux parties bien distinctes et de niveau différent : la première, celle de l’entrée, ne contenant qu’un jet d’eau dans une grande et superbe vasque de marbre ; la seconde, celle du fond, plus haute de deux ou trois marches, meublée de divans et de coussins auxquels cette élévation donne des airs de trône. Les parquets sont de mosaïques de marbre ; sur les murs, les mosaïques plus fines et mêlées de nacre alternent avec des panneaux de ces faïences dont la fabrication s’est perdue depuis le passage destructeur de Tamerlan ; chaque panneau, encadré d’arabesques d’un dessin rare, représente une gerbe, un buisson de chimériques fleurs s’échappant de quelque vase étrange, au long col frêle. Les très hauts plafonds, coloriés et dorés, à rosaces, à coupoles, sont d’une complication géométrique inimaginable, d’une extravagante fantaisie de kaléidoscope ; délicieusement fanés, du reste, et maintenus dans une pénombre lointaine au-dessus des choses par un habile éclairage