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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/156

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qui vient d’en bas. Des niches murales contiennent des narguilés qui scintillent de pierreries, des aiguières d’argent qui sont couvertes de grosses turquoises, comme de gouttes de lait bleu. Et, sur les coussins, sur les divans, ce sont d’introuvables velours anciens, des broderies comme il n’en existe plus… Tout le luxe vieilli, mais intact encore, de cette ville de richesse et d’art — qui en est, hélas ! à son grand soir, à son inévitable déclin. Et cela donne sur la colonnade et sur les citronniers fleuris du vieux jardin si fermé… Mais pour moi, le rêve, la féerie doivent tourner court et s’arrêter là. On ne me montre qu’un décor vide, où les personnages, terrorisés par l’étranger que je suis, ne paraîtront pas. Et je sens que ma présence, bien que très courtoisement subie, ne saurait être prolongée. Dans le même quartier se dissimulent beaucoup d’autres demeures de ce genre, conçues d’après des plans presque invariables ; mais moins magnifiques cependant et moins complètes que celle-là, et puis, déshonorées déjà un peu par des importations atroces, pendules en simili bronze, lampes à pétrole ou suspensions de salle à manger. Et que sera-ce l’an prochain, quand le chemin de