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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/158

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Et c’est inattendu de rencontrer, si loin, l’exagération de nos styles surannés ; tout cela du reste, à côté de la pureté géométrique, immatérialisée, de l’art oriental, semble lourd et sensuel. Les jets d’eau, les orangers et les roses, on les retrouve ici dans les habitations les plus modestes ; Damas est par excellence la ville de l’eau vive et des fleurs. Après les quartiers des riches et des marchands, commencent d’inextricables banlieues tout de suite sauvages, étendues jusqu’à l’ombreuse ceinture des jardins et des bois : maisonnettes construites toujours en ces mêmes boues carminées qui sont ici les matériaux les plus usuels et qui, de loin, donnent à Damas sa féerique couleur ; en général, ni toits visibles, ni fenêtres ; rien que des vieux murs informes et roses que couronnent des séries de gargouilles ; partout les mêmes petites ruelles farouches, couleur saumon, contournées, déroutantes, sans issue, où ne se promènent guère que de maigres chiens en quête de pâture. Damas, par exception, n’a presque plus de murailles. Il lui manque ces hauts murs crénelés qui, d’ordinaire, enferment si jalousement les villes musulmanes. Du côté du Levant et du Sud, des parties de ses