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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/157

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fer terminé vomira journellement sur Damas toute la camelote occidentale ! Une rue droite, de deux kilomètres de long, sépare les quartiers musulman et chrétien du quartier juif. Ce sont les Romains qui l’ont tracée, comme à Palmyre ; on y aperçoit encore desdébris de leurs pompeuses colonnes. Et elle a résisté, à travers les siècles, à l’usage oriental des contournements et des labyrinthes. Les riches d’Israël qui habitent de l’autre côté de la grande voie possèdent eux aussi des maisons remarquables ; mêmes entrées méfiantes que chez les mahométans, mêmes jardins murés, mêmes fontaines jaillissantes dans des bosquets de citronniers et de roses. L’accueil cependant diffère ; là, ce sont les femmes qui vous reçoivent, empressées, curieuses, et vêtues pour la plupart à l’européenne, suivant des modes excessives où un peu de barbarie se mêle encore. Les salles d’apparat se composent aussi de deux parties d’inégal niveau, dont la première contient l’inévitable jet d’eau dans sa vasque de marbre ; mais la décoration n’est plus arabe ; elle est Louis XV, Pompadour. Chez l’un des princes de l’or, du haut en bas des murs, les coquilles, les rocailles, les guirlandes, sont sculptées en plein marbre, avec une réelle magnificence, dans des blancheurs de neige.