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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/169

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un petit passant quelconque, plus haut qu’elle d’une demi-tête et appartenant à une condition sociale visiblement plus aisée, grave lui aussi dans sa belle robe longue et tenant d’un air religieux son chapelet d’ambre. Il s’arrête pour la consoler ; puis décidément l’emmène par la main, nous disant qu’il veut la faire soigner dans sa propre maison, et elle, très confiante, s’en va avec lui… Nous n’y pensions plus, quand, un moment après, il la ramène pour nous la faire voir : elle n’a plus de larmes, le sang a cessé de couler et sa petite figure est bien lavée. A présent, nous dit-il, il va la reconduire chez elle. A lui aussi, nous donnons des pièces blanches, à cause de sa gentille action ; mais il croit quec’est encore pour la petite blessée et il se baisse pour les lui mettre dans sa poche de tablier. «  Non, c’est à toi, cette fois, garde ! » La petite d’ailleurs est de cet avis. Ils remercient tous deux avec de grands saluts ; puis, se tenant par la main, adorables de gravité enfantine et portant haut la tête, ils s’en vont ensemble — bientôt perdus parmi la foule damasquine, dans les fonds du décor idéal. C’est aujourd’hui Pâques à la Grecque ; dans le quartier chrétien, toutes les rues sont animées d’une