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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/180

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Quelle mélancolique destinée, celle de cet homme, qui vint finir à Damas sa vie d’exil. Et comme il est bien, là, pour son sommeil, auprès du somptueux tombeau du sage dont l’ombre le protège, sous cet humble petit catafalque noir, entre ces murailles de faïence bleue… Nous sommes ici tout près de la montagne qui surplombe Damas, et nous voulons encore y monter, pour voir une dernière fois, au coucher du soleil, le déploiement de cette ville rose que nous devons quitter demain matin au petit jour. Nous nous élevons, et bientôt l’oasis, en bas, se déroule ; la ville, qui s’agrandit, reprend ses aspects lointains, ses airs merveilleux. Vers l’Occident, les verdures se continuent en ligne infinie :c’est la vallée du Barada et la grande voie qui mène à Beyrouth. Vers le Sud, le faubourg de Meïdan prolonge la ville en une longue pointe rosée au milieu du velours vert des arbres : c’est la sainte route de la Mecque et de Médine, que suivent depuis des siècles les innombrables foules illuminées d’espérance. Et, du côté du Levant, à travers des jardins et des cimetières, s’en va le chemin des caravanes, de Palmyre et de Bagdad. De grandes nuées tourmentées d’orage s’assemblent