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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/191

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Notre compagnon de route nous conte qu’il est chrétien maronite et, par conséquent, très pauvre malgré son beau costume, à cause des persécutions religieuses ; la haine des Druzes et la rancune des grands massacres sont encore vivantes en lui ; quand il en parle, ses yeux étincellent. Nous indiquant du bras les montagnes de l’Est : — Par là-bas, nous dit-il, il y a des lions, des grands ; avec ces bons fusils que vous avez, n’irez vous pas chasser ? Un seul arbre, dans tout ce désert haut, perché où nous sommes ; de très loin, nous l’avons aperçu en avant de nous et choisi pour abri pendant la grand’halte du jour. Nous nous couchons sur ses racines en fauteuil ; ses jeunes feuilles, à peine ouvertes, atténuent le soleil, donnent presque de l’ombre ; d’ailleurs, le ciel se couvre rapidement d’étranges nuages, déchiquetés, effiloqués, les uns gris, les autres noirs, et le vent se lève. L’après-midi, nous traversons encore des gorges sinistres voisines des sommets ; puis, une immensité nouvelle, pas encore vue, s’ouvre devant nous : les plaines de Baalbek qui se déroulent comme une